Tout au long de son enfance Cécile Dachary a vu les femmes de sa famille réaliser des ouvrages, cousus, brodés, crochetés ou tricotés... Elle a appris avec elles le plaisir des «ouvrages de dames». Après des études d'arts appliqués et une carrière dans le textile, elle a choisi de se consacrer à cet univers.
Héritière d'un savoir-faire féminin, familial et professionnel, elle a gardé la mémoire de ces gestes réservés à l'intimité du foyer et tenté d'en élargir les champs. Ce qui était alors une forme d'œuvre «domestique» est devenu un mode d'expression artistique marqué d'une féminité intrinsèque.
Loin des préoccupations de vitesse, d'efficacité et de consommation de notre époque, elle dit aimer le coté laborieux de ces ouvrages, le temps, la patience et l'économie de moyens nécessaires pour les réaliser, et communs à tous les ouvrages réalisés par les femmes du monde entier, et dit son rêve que ces techniques soient toujours et encore utilisées, en hommage aux femmes d'ici et d'ailleurs et des générations précédentes.
Comme le dit Annette Messager : « un point de couture peut-être très beau ».
Elle utilise des tissus usés qui ont gardé les traces de la vie et la mémoire des corps, le passage du temps qui imprime sa marque, l'usure, les déformations, les reprises, les taches, les teintures fanées. En teignant ses tissus, elle recrée en partie cette apparence de détérioration. Teintures de fortune, elle extirpe de ses placards de cuisine les épices avec lesquelles elle cuisine, le thé qu'elle boit, mais aussi encre, eau de javel et brou de noix.
Coutures à la main, coutures machine, les fils pendent et les matières coupées par le travers se chargent de faux plis. Pièces au crochet, fil de coton, ficelle de lin, son travail est un travail de sculpteur.
Ce qui l'intéresse dans la représentation du corps avec le tissu, c'est le lien étroit qui existe entre le matériau et l'humain, on retrouve les mêmes préoccupations que celles de Manon Gignoux, le tissu est une seconde peau, une enveloppe qui garde l'empreinte du corps qui l'a portée, souvenir entier ou fragmenté. Ce souvenir gardé est multiple, émouvant, troublant, violent, sensuel ou érotique. Il devient motif ou volume, tracé ou modelé selon ses émotions ou son intuition, de l'expression la plus figurative jusqu'à celle plus simplifiée et originelle, le rond, en passant par des volumes organiques évocateurs.
Elle n'évoque pas uniquement le dehors mais aussi le dedans, en inventant sa propre représentation de l'intérieur du corps, des organes aux microscopiques cellules et bactéries, dont elle donne des images fantasmées et fantastiques.
Elle cherche ainsi à exprimer l'intimité, le secret intérieur.
Aujourd'hui elle fait des installations où elle mêle parfois des œuvres en tissu, des sculptures au crochet, des bols en céramique qu'elle fabrique elle-même et des photos numériques.
7 commentaires:
Merci pour tous ces découvertes.
Travail très intéressant... Merci de partager cette découverte !
Merci de ton passage sur mon blog ;-)
Si tu as aimé Nature boy de Nils Langren, je pense que va aussi beaucoup aimer Masquerade. Rien à voir avec la version guimauve de Benson. Là, il y a de la pulsation aussi simple que puissante, et des musiciens grandioses (Metheny, et les regrettés Brecker et Svensson... deux génies disparus un peu trop vite !!!).
Comme le morceau est assez long, il est en deux partie, mais à mon sens, c'est un monument.
C'est ici pour la partie 1 :
http://www.youtube.com/watch?v=1wfJMgItA_w
cela ne peut que m'émouvoir : traces, restes, mixtures, mémoire des gestes quotidiens, d'un temps penché sur l'ouvrage tandis que file le temps. Peut-être y avait-il un dressage des consciences dans ces occupations de nos mères et grands mères, mais aujourd'hui, j'y vois une manière d'échapper aux injonctions de la consommation, du vertige qui empêche de s'arrêter un instant, et de songer...
J'adore ce travail!
Très touchée par la fibre sensible de Cécile DACHARY, si proche des préoccupations du fil rouge de la "Mercerie Ambulante".
Enregistrer un commentaire