vendredi 28 janvier 2011

Sérendipité et génie hydraulique


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Crédit photo © voyage-chine.com

La sérendipité est le fait de réaliser une découverte inattendue au cours d'une recherche dirigée initialement vers un objet différent de cette découverte.
En partant des bâdgirs de Yazd en Iran et autres windcatchers (tours à vent), j'arrive à Karez en passant par Foggaras, Khettaras, Qanats, presque un abécédaire.

Un Qanat est un système d'irrigation souterrain qui permet de récolter les eaux d'infiltration, aussi appelé Foggara dans les régions du Gourara et d'Adrar, au Mzab, en Algérie, et Khettara au Maroc.
On trouve de nombreux Qanats en Iran à fleur de terre notamment à Yazd, la ville des bâdgirs.

Le Karez (ou Quarez), quant à lui, est une forme extrêmement ancienne de construction horizontale destinée à la collecte de l'eau.
Inspiré du système persan des qanats, il a été développé il y a 2000 ans pour exploiter l'eau des nappes phréatiques à Tourfan (ou Turfan), ville-oasis située dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, bordant par le nord le grand désert du Taklamakan.

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Crédit photo © Galerie de Rongpuk - Flickr

La ville est à 80 m sous le niveau de la mer et ne reçoit que 16 mm de pluie par an, c'est l'un des points les plus chauds de Chine.

Le Xingjiang possède cependant d'immense nappes phréatiques très profondes, notamment dans les montagnes proches, les monts Flamboyants, mais dont l'accès est limité, non seulement par la profondeur, mais aussi -à l'époque où les Karez furent construits- par le caractère rudimentaire des outils de forage à disposition. L'idée de localiser ces nappes et de creuser un tunnel souterrain qui amènerait l'eau jusqu'aux terres à irriguer en contrebas, plutôt que de faire remonter l'eau à la surface, était pour le moins audacieuse.
C'est à l'époque de la dynastie des Han (206 av. JC – 24 ap. JC) qu'est né ce système, complexe et ingénieux, unique en son genre.

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Crédit photo © archiv.heart-of-silkroad.de


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Crédit photo © roughandreadytours.com

Le Karez est constitué de puits verticaux creusés à l'origine tous les quatre-vingts mètres, et reliés par un canal souterrain horizontal excédant rarement 1,50 de hauteur sur 0,80 m de large, sur une longueur de 5 à 20 km.
Les galeries, qui furent creusées à la main, sont alimentées par les eaux d'infiltration, dues essentiellement à la fonte des neiges qui fait monter le niveau des nappes.
Leurs tracés souterrains ont le double avantage de ne nécessiter aucun système de pompe puisque l'eau descend sous l'effet de la pesanteur -le canal est construit en pente douce-, et de limiter considérablement les pertes dues à l'évaporation, avantage inestimable compte tenu des températures extérieures très élevées.

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Crédit photo © chinalandscapes.com

À son origine, le Karez comptait 172 000 puits pour une longueur totale estimée à plus de 5 272 km. Actuellement il n'en reste qu'environ 600 -ils totalisent plus de 1600 km de tunnels à 70 m de profondeur-, mais le système fonctionne toujours.
Ils ont été construits par les Karez-Kan, ou foreurs de puits. Leur travail était difficile et dangereux. Ils travaillaient en milieu humide, les petites galeries étaient basses et étroites et présentaient le danger de s'effondrer à chaque instant. Les Karez-Kan jouissaient ainsi d'un grand respect et de salaires élevés.

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Crédit photo © voyages-chine.com

Aujourd'hui, aucun Karez supplémentaire n'est construit mais chacun d'entre eux nécessite un entretien méticuleux. Son coût est traditionnellement réparti entre chaque habitant du village qui en profite selon la surface de champs qu'il possède.
Pour faciliter cet entretien, les Ouïghours ont construit des puits disposés tous les 20 mètres environ. Les Karez-Kan peuvent ainsi descendre pour éventuellement désengorger un canal bouché, ou remonter la terre qu'il est nécessaire d'évacuer lors des travaux annuels de maintenance.

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Crédit photo © turkbilimi.com

Ce réseau souterrain sert toujours à la population locale, il fournit de l'eau potable de très bonne qualité -les habitants bénéficient ainsi d'eau courante, chose étonnante au milieu d'une région aussi désertique-, et il continue d'irriguer, comme par le passé, les cultures de fruits installées tout au long d'une vallée verdoyante qui s'étend à l'est de la ville, au pied du massif des Tian Shan, au mépris des températures qui avoisinent les 50° en été (contre -15° en hiver).
La culture du raisin à Tourfan est vieille de 2000 ans
Les Ouïghours en produisent une centaine de variétés réputées dans toute la Chine, la plus connue étant un raisin blanc sans pépins, de forme allongée, dénommé pis de jument. Dés le mois d’août la récolte est mise à sécher dans de longues bâtisses de terre construites sur les hauteurs. Le vent chaud et sec qui entre par les trous percés dans leurs murs transforme les raisins en délicieux fruit secs.

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Crédit photo © enroutepourlasie.com


jeudi 27 janvier 2011

Mode comestible


Cliquer pour agrandir dans une nouvelle fenêtreCliquer pour agrandir dans une nouvelle fenêtre'Hunger Pains' est un projet du très talentueux photographe New Yorkais, Ted Sabarese.
Dirigé en janvier 2009 par Ami Goodheart, chorégraphe, danseuse et créatrice de costumes, ce magnifique exercice de haute-couture alimentaire a réuni quinze jeunes designers.
L’idée était de faire porter à des mannequins le repas dont ils rêvaient.
Les vêtements de cette série ont donc été entièrement conçus avec de vrais aliments, pain, pommes de terre, bananes en guise de t-shirt, pâtes et raviolis pour unique costume, jupe en morceaux de viande crue, pantalon-gauffres ...
Chaque tenue, réalisée à la main par les différents créateurs, a nécessité des heures de cuisine, de création et d'assemblage, avant de finir sous le sublime objectif de Ted Sabarese.

Cliquer pour agrandir dans une nouvelle fenêtreLa « Robe Artichaut » a été dessinée par Daniel Feld et Wesley Nault, deux jeunes designers, stars de Project Runway, une émission de télé-réalité diffusée sur Lifetime qui met en compétition des designers et des modèles.
Le mannequin a dû poser six heures d'affilée, tandis que les feuilles étaient fixées une à une !

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Robe « Pommes de terre – viande »,
créée bien avant l’apparition « steak » de Lady Gaga.

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'Hunger Pains' le film.



mercredi 26 janvier 2011

Tissu minéral


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Grès blancs ou noirs, terre d'Orriule ou porcelaine, le travail de Gaëlle Guingant-Convert relève à la fois de l'architecture et de la sculpture.
Modelage, colombin, tournage, chaque pièce résulte d'une volonté de prendre le temps, en répétant inlassablement les gestes premiers et communs d'un art séculaire.

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Dans un monde dominé par l'empressement et le mercantilisme, le choix est délibérément opposé :
copier, répéter, décortiquer, démonter, prendre la liberté de faire et refaire indéfiniment, de réinventer et d'imaginer ces microcosmes aux allures de conques ou d'enchevêtrures organiques.
De la répétition nait ce territoire étrange, entre végétal et minéral, locules de nymphes en gestation comme autant de refuges patiemment échafaudés, édicules stratifiés, sédimentés, entre art primitif et dentelle de terre elaborée par le rythme des saisons, gauffrés, estampés, plissés par le jeu d'une écriture laborieuse, lente et inlassable, tatoués au passage de la mirette ou de l'estèque, parfois incisés comme sous le coup d'une morsure ou ridés comme une peau.

Les pièces sont, soit laissées brutes et réhaussées d'un engobe ou d'un jus d'oxyde -fer, manganèse, cuivre, cobalt-, soit émaillées en procédant parfois par superpositions pour créer d'étonnants effets de matières.

Cliquer pour agrandir dans une nouvelle fenêtreCliquer puor agrandir dans une nouvelle fenêtreCliquer pour agrandir dans une nouvelle fenêtreNée en 1971 de parents artisans d'art, Gaëlle Guingant-Convert a baigné toute son enfance dans les odeurs et les bruits d'atelier.
Après un cursus universitaire et quelques cours de tournage, c'est en recherchant les sensations de son enfance que le travail de la terre lui est apparu comme une évidence.

lundi 17 janvier 2011

Eduardo Recife


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Illustration pour HBO - 2006

Né en 1980 à Belo Horizonte, Eduardo Recife est un illustrateur brésilien et directeur artistique, amoureux des graphismes anciens et de la poésie des couleurs qui, parmis ses modes d'expressions, excelle dans des collages à consonnance rétro, savant mélange de typographie, d'images publicitaires, d'illustrations, de morceaux d'affiches, de manipulations numériques, de gravures anciennes et parfois d'éléments photographiques.

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Projet graphique
Upper Playground - Collection 2008

Il en ressort des compositions finement travaillées, teintées d'une ironie joyeuse, aux lumineuses couleurs de son pays, et qui, sous la forme d'une écriture automatique revisitée façon années 60, oscille entre baroque et Pop-art.
Eduardo Recife travaille pour le New York Times, Entertainment Weekly, HBO, Showtime...

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As long as it take
Technique mixte sur panneau de bois - 2010

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T-shirt Layouts pour 06 Tour -2006
Panic! At the Disco.

Passion d'enfance, il remplissait ses cahiers d'écolier de dessins et tatouait ses copains au stylo noir, toute surface était bonne à prendre pour exprimer par l'image ce que les mots ne savent dire.
Dessinateur prolifique mais également typographe, il considère son métier comme un passe-temps et une thérapie.
Le site Misprinted Type, en ligne depuis 1998, est son terrain de jeu.
On y trouve collages, brushes, dessins ou polices de caractères, projets et travaux personnels.

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Heal - 2009

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Whatever it Meant to Be - 2008


jeudi 13 janvier 2011

Natasha Fadeeva

J'ai découvert tard hier soir quelque chose de fabuleux -pour moi tout au moins-, avec ces petites figures animales si expressives, si proches de ce que j'aime en illustration...
Les animaux feutrés de Natasha Fadeeva, une jeune femme russe au savoir-faire extraordinaire, me touchent à un point que j'ai du mal à décrire. J'aime ce style d'animaux si attachants comme savent par ailleurs les représenter les illustrateurs anglais, regards tendres et sourires en coin, un moment inouï de tendresse et de petit bonheur simple.
Et surtout, quel talent pour les mises en scènes, les couleurs, les lumières...

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Photos © Natasha Fadeeva

Je ne dirais pas que j'ai trouvée mon alter-ego, ce serait prétentieux, mais il y a dans ces petits personnages tout ce que j'aime et tenté de mettre dans mes illustrations. Regrets d'une époque révolue, intransigeance des effets de mode...
Je pense n'avoir pas eu de si grand bonheur -à faire cette découverte- depuis le début de cette année, et même depuis belle lurette.
Ça donne des ailes... non ?

Meilleurs voeux pour 2011, que l'an nouveau vous réserve de jolis coins de paradis douillets, amoureux, fertiles, aventureux, inventifs... et plus si affinité.
Raymond Devos disait bien qu'il n'y aurait pas de poules sans eux,
ni de coqs sans elles...


 
[]