jeudi 16 avril 2009

Déchetteries fermées à l'art

«L'art de Pierre Prevost se nourrit de ce que rejette la société de consommation. Le problème avec l'avènement du tri sélectif et du recyclage, c'est que les déchetteries lui mènent une concurrence déloyale et ne s'ouvrent pas à lui comme le faisaient généreusement les anciennes décharges. Il a beau s'en plaindre, demander des dérogations rien à faire, la déchetterie reste insensible à la cause artistique, hermétique au recyclage par la sculpture, à la transmutarion des métaux vulgaires en brebis moqueuse ou en coquelet criard.
Il pousse même l'idée, et se dit qu'autrefois de petites gens vivaient (comme lui) sur ce tas d’ordures pourvoyeur d'un peu d’argent : ils étaient chiffonniers, ferrailleurs, brocanteurs... Et ne le sont plus. Du temps que Limogne avait encore sa décharge, les alternatifs du coin lui avaient donné un nom : ils l'appelaient "La boutique". Personne ne regrettera ce temps où l'on a fait n’importe comment et n'importe où avec l'ordure ménagère et le déchet. Mais on regrettera qu'aujourd'hui, l'artiste qui leur propose une deuxième vie soit contraint de courir les vide-greniers afin d'y acheter les pièces nécessaires à l'exercice de son art.»
Élian da Silva, 27 novembre 2005

Petit panorama non-exhaustif, pour le plaisir des yeux et en hommage à la créativité débordante de ce sculpteur peu ordinaire !




Ce que dit Pierre Prevost à propos de lui-même :

«La sculpture descend de l’épouvantail comme l’homme descend du singe. Jamais elle n’est savante, urbaine, impérissable. Elle voit le jour, soit en plein champ, soit au milieu d’un potager. Certes d’autres sculptures aiment le plein air. Ainsi nos calvaires pour que le ciel ne nous tombe pas sur la tête et nos monuments aux morts, oeuvres talentueuses de nos sculpteurs urbains.
Mais notre propos est tout autre. Tout ça pour vous dire qu’ici même pousse dans mes prés, toute une population de pouilleux qui rouillent aux quatre vents. Je suis un sculpteur d’épouvantails. Les petits oiseaux en sont contents et les passants enchantés. Certes ici même, ils se vendent à moins offrant, et à des prix plus attractifs. Ainsi donc vous en avez acheté deux pour le prix d’un, pour tout vous dire, ce qui sommes toutes est une bonne affaire. Le marché n’étant pas de dupe je ne m’en plains pas ! Prenez en soin car ils ne valent rien, comme tout épouvantail, rappelons-le...»

Né en 1942, il est passé par l'École des Arts Appliqués et l'École Nationale des Beaux Arts de Paris. Après avoir été designer il se consacre à ses sculptures (épouvantails, boîtes aux lettres, piquets de clôtures) depuis 1990.
Il vit et travaille à La Rouquette, près de Villefranche de Rouergue.
Voir son site par ici, et d'autres photos par là.

2 commentaires:

ptilou a dit…

Tiens en passant un site avec des opus dans une direction proche... me semble t'il...

http://www.pluchart.com/index.html

Minie a dit…

Hmmm, ça c'est génial, j'adore les chaussures un peu décalées ! Ça mérite un article...
Merci Ptilou, pour ça et pour ta visite !

 
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